Dimanche 4 octobre, nous sommes tombés du lit pour assister au grand show de Nike, le seul, l’unique 10 Km Paris Centre sous le nom WE RUN PARIS. La course le plus attendue d’instagram et de Facebook en ce début de saison. Celle où il faut répondre présent, montrer ses chaussures personnalisées, faire un selfie tous les kilomètres. Et courir un peu si on a le temps. Petite plongée dans le running game parisien.
Pour les Tortues, il s’agit de la 3ième édition du Paris Centre Nike. Cette course est sympa à plus d’un titre : le tarif d’inscription reste contenu, le parcours au coeur de Paname est plat comme le ventre de Ludo, la course relativement bien organisée, le t-shirt offert plutôt joli. Ok, c’est lourdement markété organisé par Nike mais ce 10 Km est une course agréable à faire et propice à claquer un record.
Enfin, ça, c’était avant. Parce que Nike a engagé des stagiaire au marketing décidé de changer une formule gagnante pour 2015. Et oui, ils sont comme ça chez la marque à la virgule, de vrais rebelles, ils cassent les règles !
Toi aussi, révise ton alphabet avec Nike
Pour 2015, le t-shirt technique, c’est has been, vive le retour du t-shirt en coton blanc. Bon, le revival du coton me laisse perplexe mais je n’ai jamais rien compris à la mode, aussi.
Devant ma mine renfrognée, un bénévole en jaune fluo m’informe qu’il faut être utilisateurs de l’appli Nike+ et avoir fait 1000 kms ou plus pour prétendre à un t-shirt noir technique. C’est de la discrimination pas très positive, tout ça !
L’objet du délit #werunparis
Le dimanche, nous arrivons bien en avance pour avoir le temps de déposer nos affaires et de nous glisser dans notre sas avant que tout soit bondé. Parce que nous sommes 15 000 joggeurs de dimanche à piétiner sur les pavés parisiens ! Qui a dit que la course à pied était un sport solitaire ?
Le speaker sous meth doit encore se croire en boite et s’égosille dans son micro pour couvrir l’électro que nous balance les enceintes. Avec Ludo, nous faisons abstraction de la pollution sonore pour nous échauffer et nous étirer un peu. Pas question de partir à fond et de se cramer dès le 2ième km. Sur le podium, le coach secoue son postérieur, l’échauffement devient plus intéressant, tiens 🙂
Autour de nous, les smartphones sont aussi de la partie : ça tweete, retweete, poste des photos sur Instagram et Facebook à tout va. Si les jambes de ces runners 2.0 sont aussi rapides que leurs pouces, la course va être un sprint de folie !
Et oui, Pascal Martinot-Lagarde (110 m haies) et Kevin Mayer (décathlon), on était nombreux comme ça !
Nous sommes dans le sas des – de 45min, parce que le bracelet est rouge et que nous aimons cette couleur. Et que sur un malentendu, Ludo peut accrocher ce chrono. En parlant de Ludo, il a repéré les meneurs d’allure des 44 min et ceux des 45. Ils ont de bonnes têtes donc il décide de les suivre. Voilà, c’est bon, Ludo est prêt. « S’entraîner, c’est tricher », comme il me répète tout le temps. Le sale gosse.
De mon côté, je n’ai aucune idée de ce que je peux faire. J’ai passé l’été à préparer le marathon du Médoc (et l’objectif secret de la fin d’année) donc la vitesse n’était pas exactement au programme. Et j’ai attrapé un rhume carabiné qui m’a empêché de courir deux semaines avant la course. Bon, je verrai bien ce que ça donne mais cette absence de repère est un peu déstabilisante. Je suis déstabilisée.
A 10h, les fauves sont lâchés dans le caniveau pour la course WE RUN PARIS. Notre sas passe assez vite sous l’arche et c’est parti ! Un peu de piétinement à chaque virage mais ça reste gérable. J’accompagne Ludo sur les 3 premiers kilomètres puis je le laisse partir devant, le nez au vent à la poursuite des meneurs des 44 minutes. Je suis à l’aise mais je n’ose pas le suivre, de peur de me cramer. La grave erreur.
A partir du 4ième kilomètre, je repère un coureur en orange (comme moi, un signe cosmique certainement) qui semble un peu perdu. Nous avons le même rythme mais il ne semble pas aussi régulier. Je le regarde, il me regarde, nous nous regardons, bref, je lui indique de me suivre. Et me voilà maman-canard pour un inconnu. Je connais le parcours par cœur, je n’ai qu’à me concentrer sur mon allure. Un coup d’œil à ma montre de temps en temps : 4’29 » et ça ne bouge pas. Un coup d’œil à mon caneton du jour : il s’accroche à ma gauche. C’est bien ça, le sub 47′ est dans la poche 🙂
Je passe Matthieu « Frenchfuel » qui mène l’allure pour sa dulcinée Anne, je repère aussi d’autres blogeurs/instagrameurs un peu plus loin et 300 mètres devant moi, je garde en ligne de mire le t-shirt bleu de Ludo. Mon Kenyan blanc transpire comme un poney mais il tient le rythme. Je ne sais pas trop comment mais il va réussir à battre son record de 46’16 » s’il continue comme ça !
Il fait beau, le ciel est bleu et autour de moi, ça sent (pas) bon le runner chaud. Pour une fois, je bénis mon rhume qui me bloque le nez depuis deux semaines. Tout va bien, pas de coup de moins bien aux 2/3 de la course, je suis à l’aise. Cet état de fraîcheur suspect m’indique que je suis loin de mon maximum, mais comme je ne sais pas où est mon maximum…
Au 8ième km, un ralentissement me fait perdre de précieuses secondes. Comme je persiste à écouter mon cerveau, je ne relance pas tout de suite après et Ludo profite d’un virage pour disparaitre de mon champ de vision. Mon caneton me suit toujours, il y en a au moins un qui ne m’abandonne pas !
Le dernier kilomètre arrive et ça tergiverse dur dans ma tête : lancer ou ne pas lancer le sprint final ? D’un côté, je suis toujours à l’aise mais je ne sais pas du tout si j’ai assez de souffle pour accélérer. Devant, Ludo se pose moins de questions. Mon Kenyan javellisé lâche les chevaux pour finir en beauté en moins de quatrokilo. Mon cerveau étant toujours bloqué sur accélération = mise à feu, destruction immédiate, j’hésite à allonger la foulée. A chaque mètre, je me dis: « c’est bon, là, au prochain passage piéton, je lance le sprint, je peux tenir. »
Bon, je passerai la ligne avant de mettre mise d’accord avec moi-même.
J’esquive plus ou moins gracieusement les coureurs qui ont pilé dès que le bout de leurs chaussures a dépassé la ligne d’arrivée et cherche Ludo dans la foule. Les smartphones ressortent pour les selfies d’après-course. On me tape sur l’épaule : c’est mon coureur-caneton qui me remercie de l’avoir guidé durant la course. Il a la banane jusqu’aux oreilles, ravi d’avoir couru avec moi et d’avoir fait un super temps. Son enthousiasme fait plaisir, j’en oublie presque que je n’ai pas battu mon record 🙂
Je récupère Ludo, qui a réalisé un joli chrono de 45’48 ». Il est fort, mon coureur de caniveau ! Comme d’habitude, il n’a pas retenu un seul mètre du parcours donc c’est un peu difficile de lui parler de l’évolution des quartiers traversés… Nous passons très vite au ravito final où le comportement de certains, qui repartent les bras chargés de Powerade, bananes et barres de céréales, me dégoûte franchement. Nous apprendrons d’ailleurs que les arrivants en + d’une heure trouveront les tables vides. Nike aurait dû canaliser les coureurs et empêcher les gens (voir même des accompagnateurs) de faire leurs courses au ravito.
A la consigne, je reconnais un petit groupe de coureurs avec qui j’échange sur les réseaux sociaux. J’en profite pour faire enfin connaissance en vrai. Nous discutons un moment, tout le monde est content de sa course et j’apprends que je reverrai la petite bande aux 20 Km de Paris la semaine prochaine. Le monde des runners parisiens 2.0 est vraiment tout petit !
Je les quitte pour retrouver Ludo et une copine venue pour le brunch de la victoire. C’est pas tout ça d’être sociable, mais nos estomacs crient famine. Ludo a bien mérité son burger chez Big Fernand après cette course We run Paris sous le soleil !
So fast and furious, c’est tout nous, ça !Quelques chiffres:
- 45’48 » pour Ludo (son record) et 46’57 » pour moi (mon second meilleur temps)
- 11 m de dénivelé : c’est vraiment plat !
- 885 calories dépensées pour Ludo, 617 pour moi
- 20°C et un grand ciel bleu, les conditions idéales
- une matinée sympa