En avril, comme tous les ans, un événement sportif mobilise la capitale et sature les réseaux sociaux : le Marathon de Paris ! En 2018, je l’ai fait…côté bénévole.
Pour moi, le marathon de Paris reste une compétition à part à plus d’un titre. Le MDP a été LA course qui m’a donné envie de rechausser les baskets en 2012, avec l’objectif d’être au départ pour mes 30 ans. En 2015, Paris devient donc mon premier marathon. Mais Paris, c’est aussi le plus embouteillé de tous les marathons que j’ai pu faire et depuis, je préfère découvrir des compétitions aux pelotons bien plus réduits…
En 2018, après 5 ans en tant que coureuse, j’ai décidé d’être bénévole sur une course. Et quelle meilleure occasion que le Marathon de Paris, là où tout à commencé ? Après avoir été spectatrice, participante, autant boucler la boucle et passer de l’autre côté de la barrière début avril.
Rappelons que le MDP est l’un des plus gros marathon du monde en terme de participants, le troisième, je crois, donc vivre de l’intérieur l’organisation d’une telle machine m’intriguait aussi ! 3500 bénévoles sont mobilisés pour encadrer les 55 000 inscrits (43 537 participants, en vrai).
Pourquoi être bénévole ?
Ouais, pourquoi se lever aux aurores un dimanche matin quand on n’accroche même pas un dossard ?
Parce que sans bénévole, pas de course ! Les bénévoles sont indispensables à la bonne réussite d’une compétition. Sans eux, pas de retrait de dossards, de consigne, de ravito et de guidage sur le parcours et pas de remise de médaille ou de bière à l’arrivée !!
(et en trail, pas de blagues du genre « t’inquiète, c’est roulant ensuite » alors qu’il te reste deux murs à 15% derrière ou la fameuse « l’arrivée est à 2 km, c’est fini ! » alors que ta montre te dit clairement qu’il reste encore 5 bornes… Hé hé, sont blagueurs les bénévoles en trail;)
Qu’ils soient au milieu de la foule à Bastille ou seuls avec un petit tréteau dans la forêt; debouts pendant des heures en plein cagnard ou les pieds dans la boue glacée; que l’épreuve soit un cross, une course de village, un quasi-Major, un 100 km ou que ça dure 24 h et qu’ils s’endorment aux tables de pointage; les bénévoles apportent un réconfort non négligeable aux coureurs pendant l’effort, distribuant autant d’oranges que de sourires et de petits mots (les bénévoles du 100 km de Steenwerck ou la team des 24H de Cergy, c’était vraiment extra de pouvoir parler avec quelqu’un à 3h du mat quand on est à bout).
L’ambiance, c’est aussi aux bénévoles qu’on la doit !
Marathon de Paris 2014 à Bastille : il faut couper les bananes, ouvrir les bouteilles pour plus de 40 000 coureurs !
Être bénévole, c’était donc pour moi l’occasion de remercier toutes ces personnes qui m’ont permis de courir, d’aller soutenir à mon tour les zigotos engagés sur le MDP, de motiver les copains engagés sur l’épreuve et de participer à la course sans la souffrance cette année. L’idéal, quoi 😀
Pour ceux qui ne connaissent pas la distance ou hésitent à s’engager, être bénévole sur une compétition permet de l’appréhender en douceur. Dans mon groupe, certaines étaient rassurée de voir que les coureurs ne s’autodétruisaient pas magiquement après le 30ième kilomètre, ni qu’ils n’étaient pas tous au bord de la tombe 😉 Et pas besoin d’être coureur pour devenir bénévole et apprécier la journée.
Comment être bénévole ?
La plupart des manifestations ont un site à partir duquel on peut contacter l’organisation pour proposer sa candidature. Les plus grosses compétitions ont une rubrique dédiée, comme le Semi de Paris, le Marathon ou le 10 Km Adidas (ex- 10 Km de l’Equipe) où une société spécialisée gère les bénévoles, comme c’est le cas pour la triade parisienne d’ASO. Dans ce cas, il suffit de se créer un compte sur leur plate-forme et vous pourrez participer aux plus grosses manifestations parisiennes, si vous le souhaitez. Lors de l’inscription, vous pouvez aussi choisir d’être bénévole sur le village de la course pour aider au retrait des dossards ou le jour de la course. Là, vous pouvez être signaleur sur le parcours ou aidé sur un ravitaillement..
Pour les manifestations de moindre ampleur, vous pouvez aussi directement contacter le club organisateur, ils ont souvent besoin de signaleurs pour sécuriser le parcours, gérer la consigne ou le retrait des dossards.
N’oubliez pas non plus les réseaux sociaux où certains capitaines d’équipe ou athlètes relaient les demandes des organisateurs. Vous pouvez ensuite voir directement avec eux pour déposer votre candidature.
Et le jour J ?
Le départ officiel de la course est donnée à 8h06, avec les handisports mais nous devons être sur place à 6h30 pour préparer notre stand (monter les tables, mettre les immenses nappes, disposer les boîtes Stimium, etc…).
Le réveil sonne horriblement tôt. Dehors, il fait nuit noire, je prends le premier RER, celui qui est rempli de fêtards alcoolisés sortant de soirée et autres personnes qui n’arrivent plus à marcher droit les yeux ouverts. Au moins, c’est animé !
A 6h30, je retrouve comme prévu la quarantaine d’autres bénévoles place de Barcelone dans le 16ième.
Notre ravito est sponsorisé par une marque. Habituellement, c’est Isostar . Là, c’est Stimium pour 2018. Je connais déjà leurs gels mais cette année, ils proposent des petites gommes à mâcher énergisantes, remplies de malto, caféine et autres vitamines pour booster les coureurs sur le dernier tiers de la course.
Nous sommes au km 31, après le fameux ravito du 30 où l’orga met une petite animation pour marquer le mur. Après l’avenue de Versailles, une méchante côtelette boulevard Suchet attend les coureurs pour achever de leur flinguer les cuissots. D’autres ravito étaient disponibles lors de l’inscription mais je voulais celui-ci car c’est autour du 30 ième km que la course devient difficile et qu’on a besoin de motivation pour se farcir les derniers 12 km du marathon.
De quoi survoler la fin de course !
Avant la course, c’est surprenant mais le parcours du marathon est déjà emprunté par de nombreuses personnes : des petits groupes de coureurs ultra motivés profitent du balisage pour faire la course en off à l’aube, avant le départ officiel. Des cyclistes commencent aussi à passer mais je sais que les plus furieux vont arriver d’ici 1h. Car il faut savoir que c’est aussi un jour spécial pour les cyclos : le parcours du MDP va être sécurisé, bientôt libre de toute circulation et 42 km vont être dégagés en plein cœur de Paris. C’est LE jour pour sortir le casque aéro, les prolongateurs et claquer tous ses records sur Strava. Faut dire que c’est quand même génial de descendre les Champs, Rivoli et les Quais à sans avoir à se préoccuper des voitures !
Vers 7h, les responsables de notre stand arrivent et nous distribuent notre dotation Asics. Car c’est l’un des avantages de participer à une énorme course comme le MDP : les bénévoles ont droit à un équipement offert par un des sponsors. T-shirt technique, coupe-vent, badge et un poncho (il ressemble furieusement à celui refilé aux finishers en 2015, souvenirs…). Cela permet de nous identifier tout de suite et c’est un petit bonus qui fait toujours plaisir.
Cette année, dress code vert pour les bénévoles !
Nous montons les tables des deux côtés de la routes, le stand prend forme. Nous avons aussi droit à un croissant et un verre de café, plus que bienvenus alors que le soleil pointe son nez.
La journée s’annonce chaude, ça va être un beau marathon.
Devant nous, les pelotons de cyclistes défilent de plus en plus vite. Je vois même des machines de contre-la-montre avec le combo casque aéro et combi passer en trombe. ça ne rigole pas.
A 8h06, on nous annonce que l’épreuve vient de commencer. On attend les premiers handis à 9h30. Je me pose sur un vélib et textote Ludo qui prévoit de bricoler à la maison. J’ai une pensée pour les copains attendent de partir, dans leur sas sur les Champs.
Dernier briefing avant d’attendre l’arrivée de la meute
Vers 8h30, alors que la sécurité commence à fermer les accès, un peloton d’une douzaine de cyclistes le nez dans le guidon passent à toute allure. Ils roulent fort ! Je me dis que c’est typiquement le genre de groupe que suivrait notre copain Pierre. 5 minutes plus tard, je vois 2 autres cyclos arriver, dans le dur, essayant de rattraper le groupe au loin. « Les pauvres, ils sont mal mal mal. Tiens, on dirait Charles d’ailleurs… Et mais..CHARLES ! ». Et un coup d’oeil à Strava me confirmera que Pierre était bien dans le peloton devant. Si vous avez des potes cyclos, vous avez de fortes chances de les croiser le matin du MDP, avant d’encourager les copains marathoniens 😉
Les voitures de l’organisation, les motards de la circulation se font entendre et vers 9h30, les premiers handis déboulent sous les applaudissements. Leur vitesse m’impressionne toujours autant. Le groupe est compact, ça promet une belle bagarre jusqu’à la fin. Ensuite, un trou se forme, les autres handis arrivent au compte-goutte.
Les Schtroumpfs sont prêts à lancer les gommes sur les coureurs !
Vers 9h50, la présence de l’hélico nous indique que la tête de course est proche. Les élites femmes arrivent à notre niveau, suivies cinq minutes plus tard par les élites hommes. A partir de ce moment, les coureurs ne font cesser de défiler. ça y est, le marathon est lancé !
Elites et préférentiels : 24ième et 22ième au général (2h20 et 2h19).
#241 finira 234ième en 02h45 et #100, 34ième en 02h25.
Chaud de viser leur main à 18 km/h !
Les préférentiels et les sub 3h ne s’arrêtent quasiment pas à notre stand, ils foncent en suivant la ligne verte. Je reconnais Nicolas Duhail, qui en plus de gagner les trails franciliens, fait aussi des perfs de dingues sur bitume (2h27, 42ième au général). Nous applaudissons tout ceux qui passent. Le flot de coureurs devient plus conséquent, j’arrive quand même à repérer Alex « La casquette verte » dans le dur mais qui atteindra son objectif de sub 3h (2h56).
Le meneur des 3 h débarquent avec ses canetons, ça trace toujours aussi vite et pour l’instant, rares sont ceux qui tentent d’attraper une gomme à la volée. Je vois passer Philippe mais rate Julien, juste derrière. Le Mangeur de cailloux fera un joli PR, c’est le principal.
A partir des 3h15, les mains se tendent pour prendre des gommes, ça va vite, très vite pour bien viser et être sûr que le coureur reparte avec sa précieuse gomme. Mes gants sont trop grands et un coureur finit par en embarquer 1 avec son ravito…
Je finis par trouver le rythme et la technique pour distribuer mes petites gommes le plus vite possible sans en mettre le moins par terre. J’arrive à faire des passes acrobatiques à certains coureurs pressés qui les récupèrent à la volée, on rigole quand on parvient à bien se coordonner.
Le peloton arrive, les têtes connues défilent parmi la foule des anonymes. Christian (3h26), Michel (3h29, même s’il snobe le ravito, le cœur y est ^^), Nounours (qui finira en 4h02)… Il fait beau, l’ambiance est festive, je regarde passer avec envie la flamme des 3h45, je me retiens de tout poser et de les suivre jusqu’à la ligne !
Pas l’temps de niaiser, faut nourrir les affamés !
Comme les autres bénévoles, j’essaie d’avoir un petit mot pour chaque coureur qui prend une gomme. « Good job », « Well done », « Vai » ou » Forza, campione ». J’entends des « gracias », « thank you », « grazie », « danke » et quelques « arigato » parmi tous les mercis français.
A partir du groupe des 4h, les visages accusent la fatigue. Il fait chaud, les coureurs se vident leur bouteille prise 1 km plus tôt sur la tête mais pour certains, ça ne suffit pas, ils sont en plein coup de chaud, les pauvres. Je continue d’encourager ceux qui passent. « Allez, allez, lâche rien, plus que 11 km, ça va le faire ! « , « Come on, guy, only one third left, you can do it ! », « Resisti, non mollare !’. Certains marmonnent que c’est trop dur, un jeune Anglais me dit qu’il n’y arrivera pas, « too hot, too hard, too long » mais ils continuent tous de trotter et ça fait plaisir de voir qu’on arrive à les motiver.
Ensuite, le rythme se ralentissant et les coureurs étant bien plus fatigués, on a carrément le temps de discuter. Je réponds à des questions sur les gommes. Qu’est-ce que c’est ? ça a quel goût ? ça fait mal au ventre ? ça marche ? Bien sûr que c’est efficace, on gagne un km/h par gomme ! (blague pourrie mais qui a bien fait rire les coureurs, j’assume ;). Beaucoup sont ravis de trouver des « bonbons » et viennent se servir, voir se resservir.
Le soleil cogne sur les têtes, les jambes sont raides et les sourires crispés sur les visages. Les meneurs d’allure défilent, 4h15, 4h30… Nous continuons d’encourager les concurrents, de glisser un petit mot à ceux qui marchent. Les boîtes de gommes se vident, on peut dire que ces produits ont rencontré un franc succès.
Le stand est vide, on commence à remballer
Le flot de coureurs se tarit au fur et à mesure que l’heure avance, les marcheurs sont de plus en plus espacés et vers 15h, la voiture-balai clôture le marathon. Pour ceux qui continuent derrière, ils ne seront pas classés.
Ils finiront tout de même en 6h34, la voiture-balai sur les talons
Nous rangeons le stand, faisons un peu de ménage pour simplifier le boulot des gars de la mairie de Paris pendant que la sécurité rouvre le parcours à la circulation. Le MDP est terminé.
Pour résumer, je n’ai peut-être pas couru 42 km mais j’ai moi aussi vécu une longue journée, à peu près 10h principalement debout. Heureusement, je n’ai pas vu le temps passer ! Je me suis vite prise au jeu, on applaudit, on encourage, on parle avec les coureurs et les spectateurs.
J’ai les jambes un peu lourdes mais voir que nos encouragements ont fait effet, entendre les mercis, recevoir les sourires ou constater qu’un coureur se remet à trottiner grâce à nos encouragements, ça fait vraiment plaisir.
J’ai passé une excellente journée, je suis ravie de cette expérience et je pense que je recommencerai. Peut-être pas sur le marathon de Paris, voir les copains courir m’a donné envie de retourner faire le tour de la ville. Mais peut-être sur une course autour de chez moi ou même un trail.
Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à tenter l’expérience et à passer de l’autre côté de la barrière, c’est vraiment chouette !