Bain de boue au trail des Châtaignes

Quand Aurélien Collet, le grand malade l’organisateur du Maxicross a annoncé qu’il lançait un nouveau trail à Argenteuil mi-novembre, on a signé les yeux fermés. Avec lui, on était sûr de découvrir tous les coins pentus entre Sannois et Argenteuil !

Allons nous ramasser des châtaignes !

Depuis 2015, nous participons au Maxicross de Bouffémont, dans sa version maxi difficile (42 km pour 1720m de D+). Le parcours est exigeant, avec peu de parties roulantes pour récupérer, mais superbe. Donc même si on finit au bout du rouleau à chaque fois (sauf en 2017, il faisait trop beau, c’était trop facile donc Ludo s’est tordu la cheville pour rentrer au km28 et éviter le ‘M’. Petite nature), on revient tous les ans. Avec Aurélien aux manettes, on sait que le parcours va être top. On va y laisser nos guiboles mais ça vaudra le détour. C’est donc confiants que nous choisissons le 32 km (1600 m de D+, ça va piquer), on sait que les jambes peuvent tenir. Nos copains runners Victor et Michel jouent la prudence et partent sur le 17 km (900m de D+). Ludo parle du trail à ses collègues Fanch, Robin, Kevin et Christophe : « ça va être cool, y a de la bière à l’arrivée, venez les mecs !  » Étonnamment, ils envoient leur inscription pour le 17 km. Le super argument de Ludo à dû faire mouche. 1200 autres dingues répondent présents à l’appel d’Aurélien, les sentiers vont être remplis le 12 novembre !

Qui a dit que le bassin parisien était plat ? QUI ?

Toute la semaine précédente, le ciel reste dégagé et les températures clémentes. Maximum 5h pour boucler les 32 km (BH à 12h15 au km 17 puis 14h à l’arrivée), on se dit que c’est largement dans nos cordes malgré notre prépa trail réduite (les environs de Sartrouville sont plats comme une crêpe.). Puis arrive samedi. Et là…c’est le début de la fin. Il bruine toute la journée. Par terre, ça commence à être bien gras. Hu hu, pour avoir déjà survécu fait Bouffémont dans des conditions similaires, on réalise que 5h, ça risque d’être juste. Surtout que le parcours consiste en 2 boucles de 17 km, donc le deuxième passage sur le terrain défoncé par les coureurs à l’aller s’annonce épique…
Samedi soir, des rafales de vents viennent s’ajouter à la pluie. ça souffle tellement fort que ça en réveille le chat : à 4h du matin, je dois tomber du lit pour calmer la saucisse apeurée qui miaule à fendre l’âme au rez-de-chaussée. La journée commence bien.

On s’équipe, on vérifie qu’on oublie rien (téléphones chargés, couvertures de survie et assez de nourriture pour faire un bbq avec les potes, parce qu’on sait jamais), je dégage le chat du sac et c’est parti mon kiki. 20 minutes de route plus tard, la densité croissante de types en collant fluo dans les rues d’Argenteuil nous indique que nous arrivons à bon port. Au gymnase rue de Champagne, nous retirons nos dossards et retrouvons Fanch, Kevin, Robin et Christophe. Fanch a oublié son sac mais compte sur la pluie pour l’hydrater. Robin est en runnings de route et compte sur la chance pour ne pas glisser. Même pas peur !
Nous repérons une barbe connue : hey, c’est Michel 🙂 Il est en pleine prépa Saintélyon et sauf blizzard ou attaque de loups la nuit du 2 décembre, ça devrait largement le faire pour lui. Dehors, nous saluons Victor, qu’on retrouvera au Chocotrail d’Hardricourt et sans doute à Bouffémont. Comme on ne vise pas de chrono, nous restons à l’arrière avec le gros de la troupe, loin des escaliers qui marquent le départ du trail. Mauvaise idée.

Plus on est de fous, plus on rit.

A 9h, le retour de la pluie donne le départ. Les élites s’élancent à l’assaut des 364 marches au sprint, impressionnant. 5 bonnes minutes plus tard, nous commençons à bouger. La foule est compacte devant moi, je ne pensais pas qu’on allait être si nombreux ! L’escalier se révèle rude et annonce la couleur : aujourd’hui, ça va monter, descendre, tourner, remonter, redescendre, tourner…bref, vous avez compris le principe. Après un court passage sur bitume, la troupe s’engouffre très vite en sous-bois où le monotrace étroit provoque un beau bouchon. Nous nous retrouvons à avancer au pas, doublant péniblement quelques concurrents. Hum, on aurait dû partir plus devant avec Michel et Victor.

Une météo apocalyptique

Il pleut des hallebardes, des torrents de boue dévalent littéralement les côtes, le sol se transforme en patinoire boueuse et le vent nous envoie des feuilles en pleine poire. Ma capuche ne tient pas en place, tant pis. Mes chaussettes sont trempées au bout de quelques minutes, heureusement qu’il ne fait pas froid !

Au moins on aura pas de problème d’hydratation avec toute cette flotte !

Des concurrents se gamellent au bout de 3 km et un malheureux se retourne un doigt. ça calme ! Nous mettons 1 h pour faire 5 km. Avec Ludo, nous commençons à avoir des doutes sur la suite du programme. Devant nous, nous apercevons les vestes de Robin et Christophe. Pas de Fanch et de Kevin, ils sont déjà tombés au champ d’honneur ??  J’essaie d’enlever l’eau de ma capuche. Ludo veut m’aider, il me retourne donc ma capuche sur la tête. Et toute la pluie accumulée dedans. Put@$# ! J’ai le cou et le dos trempés, c’est ignoble ! Robin et Christophe escaladent le talus pour passer le bouchon plus vite. Ludo a droit à un petit commentaire sur sa virilité au passage. Forcément, il est chaud patate pour rattraper les deux autres zouaves.

Lire aussi : une course à obstacles boueuse avec le Mud Day

La pluie cesse (ou j’ai pris tellement d’eau sur la tête que je ne m’en rend plus compte), le terrain s’aplanit un peu et nous pouvons relancer. Nous doublons des concurrents et arrivons au niveau de Robin et Christophe. Ils remercient Ludo de les avoir embarqués dans cet infâme bourbier cette belle expérience sportive. Ludo part en trombe pour doubler ses collègues, ça se pousse, ça piaille et j’en profite pour passer devant ni vue ni connue, hé hé.  Les montées plus ou moins raides suivies de descentes s’enchaînent. Heureusement qu’il y a des cordes et des arbres pour s’aider sinon, je serai encore en train d’essayer d’escalader les tas de boue glissants. J’avance de branche en racines, Toi Tarzan, moi Jane. Pareil en descente, j’essaie de ne pas trop ralentir pour éviter de tomber dans la boue. Les appuis sont plus qu’instables, je fais bien attention à mes chevilles. Les singles sont vraiment sympa, bien tracés, je ne pensais pas qu’on pouvait faire autant de kilomètres sans croiser de route dans ce coin ! Des bogues de châtaignes surnagent dans les flaques, pas dur de comprendre où Aurélien a trouvé l’inspiration pour nommer son trail 😉

Bon, je ferai sprint à l’arrivée.

Les kilomètres ne défilent pas vite, j’ai même l’impression qu’ils font plutôt 1 500 m vu le temps qu’on met à avancer… Robin et Christophe sont à un tas de boue derrière nous. Ludo me suit. Il fait des figures acrobatiques en descente mais arrive à atterrir sur ses deux pieds. 10 points pour le style ! Les autres trailers galèrent autant que nous. Une fille perd sa chaussure dans une mare de boue, du coup tout le monde vérifie anxieusement ses lacets. On se met à plusieurs pour tirer ceux qui n’arrivent pas à monter (et c’est pas de la tarte de pousser un gaillard de 90 kg quand toi-même t’es pas loin de rouler dans les feuilles). A défaut de tracer, le groupe est solidaire, c’est super sympa. Nous croisons un concurrent emmitouflé dans sa couverture de survie, le groupe lui demande s’il a besoin d’un truc à manger, d’un téléphone pour appeler les secours, d’un couteau pour chasser son ravito mais il nous assure qu’il gère. Plus loin, deux chaussures dépassant d’un buisson signalent un autre blessé. Lui, ce sont des crampes aux jambes qui l’ont fusillé. Il récupère un bout de bois (#malin) et arrive à boitiller avec notre groupe (ça vous donne une bonne idée de notre vitesse. Stratosphérique.). On croise les gars de l’orga avec leur coupe-vent bleu, on discute un peu, ça nous évite de penser à nos chaussettes trempées, c’est toujours agréable.

Tous dans le fossé, v’là la tête de course !

Autour du dixième kilomètre, nous croisons la tête de course du 32 qui revient pour la seconde boucle. Là, on mesure vraiment la différence de niveau : déjà, ils nous mettent 10 km dans la vue, ensuite, Vincent Guivarch dévale la pente comme un cabris quand nous, nous examinons soigneusement le sol avant de décider d’y poser un crampon. Côté chrono, il a mis 1h26 pour faire 17 km, soit environ 5′ au kilo.  Vincent gagnera en 2h43. Une machine de régularité et de vitesse !
Moi, le 11 km/h, je le tiens sur le plat, hein, pas dans un champ de mines pareil ! Le second le suit trois minutes derrière puis un petit groupe de trois autres coureurs déboulent un peu plus loin. Nous nous poussons vite vite sur le côté (bon, y a pas trop de place, heureusement qu’ils ne sont pas épais) pour les laisser passer et leur indiquons l’écart avec la tête de courses. Les mecs ne sont même pas fatigués ni boueux, c’est juste hallucinant ! Bravo à eux !

Nous, bah, on s’estime content de ne pas tomber. J’arrive à monter sans trop de difficulté (tant que je reste devant Ludo) et à relancer sur les parties plates (oui, oui, des fois, il y en a !) donc globalement, ça va. J’ai gobé un gel, pas de coup de mou à l’horizon, la machine tourne tranquillement. Mes New Balance Leadville s’en sortent bien, c’est parfait. Ludo a grignoté une barre de céréales, il tient le choc lui aussi. Ses NB Hierro aussi, de bons chaussons. J’ai de la boue jusqu’aux genoux sur mon collant et mes chaussures pèsent 2 kg chacune, ça va moins bien. Pour rester positifs, je fais remarquer à Ludo qu’il ne pleut presque plus et que le soleil commence même à faire son apparition !

Bon, je vais prendre les ronces plutôt que la corde, ça ira plus vite.

Un peu avant l’arrivée, une bénévole signale une descente bien raide : « A droite, c’est plus facile,  descendez par là ! » Bizarre, y a un panneau « Traileur » alors que de l’autre côté, c’est pour les « petits slips » (les organisateurs aiment nous faire des blagues). Je commence à descendre quand Ludo m’attrape par le sac et me remet dans le bon chemin.  » Vous inquiétez pas, elle confond la droite et la gauche ! ». Ho, ça va, hein, j’ai envie de dire que tous les chemins mènent au ravito !

Km 17, terminus dans le bus

Nous arrivons en vue d’un complexe sportif et des spectateurs nous indiquent que le ravito est tout proche. Nous trottons vers la tente blanche où les bénévoles nous servent un buffet bien fourni : pain d’épice, quatre-quart, chocolat, cacahuètes, soda, Saint-Yorre ou même boisson énergétique pour remplir le camelback. Youhou, c’est la fête !

Lâcher de sangliers boueux sur le ravito.

Manger un truc solide fait du bien ! Nous avons mis 2h53 à faire 17 km et nous ne nous sentons pas vraiment motivés pour retourner là-dedans pendant 3 autres heures. Nous sommes loin d’être les derniers mais plus de 5h pour faire 32 km, ça nous parait énorme ! Surtout, nous sommes attendus à la maison donc on ne peut pas rentrer en milieu d’après-midi… Physiquement, nous n’avons aucun pépin mais du côté de la motivation, ça coince un peu. Refaire ça ? Heuu…
Avec quelques regrets, nous décidons donc de mettre le clignotant au ravito du km 17. C’est la meilleure solution. Une bénévole distribue des bières aux finishers du 17 km. J’hésite, je lui demande si les petits bras du 32 qui abandonnent maintenant peuvent en avoir une ou pas. Elle me dit que j’y ai quand même droit et nous tend une bière chacun. Ludo me fait remarquer que j’ai de la boue sur le nez et sur la joue. Merci de me le dire 3h plus tard, tsss !

Patauger dans la gadoue, la gadoue, la gadoue,  hou la gadoue !

Robin et Christophe arrivent 10 minutes après nous. Les pauvres ont l’air au bout du rouleau. Il faut dire que pour un premier trail, ils en ont vu de toutes les couleurs ! Malgré tout, ils semblent content de l’avoir fini en un seul morceau fait. Une partie des coureurs du 32 de notre groupe abandonnent au ravito, comme nous (selon l’orga, nous sommes 52 à avoir préféré le retour en bus). Les autres font une bonne pause, rechargent les batteries, respirent un grand coup et repartent par petits groupes. A voir l’expression de certains, j’ai vraiment l’impression qu’ils retournent au combat. Il faut dire qu’il faut une bonne motivation pour se relancer dans la seconde boucle, surtout en sachant quel chantier attend dans les bois ! Chapeau à tous ceux qui sont allés jusqu’au bout !

« Alors les gars, elle était pas bonne mon idée de s’inscrire à ce petit trail ? »

Nous nous dirigeons avec Christophe vers les navettes, Robin décide de rentrer un peu plus tard. Des brosses et des robinets sont disponibles sur le stade pour qu’on puisse nettoyer nos chaussures (et éviter de ramener 2 kg de terre à chaque pied dans le bus). Très bonne idée ! Par contre, maintenant que nous sommes immobiles, je commence à avoir froid. Nous faisons les pingouins pour nous réchauffer mais ça ne marche pas des masses. C’est la crise. Heureusement, le bus arrive au bout de quelques minutes. Enfin au chaud ! Un petit tour de rocade et nous rentrons à Argenteuil. Nous avons une tenue de rechange dans la voiture, ça fait plaisir d’enlever nos fringues humides.

Va falloir brosser pour retrouver la couleur des pompes !

Pour conclure, ce trail des Châtaignes première cuvée a été une bonne expérience : bien organisé, un parcours sympa et exigeant, à un prix correct, le tout à proximité de la capitale. Que demander de plus ? (Du soleil). Je regrette juste le départ commun qui a provoqué quelques embouteillages en sous-bois. Si le 32 avait pu partir plus tôt comme prévu, la course aurait été plus fluide. Dommage que l’orga n’ait pas eu la permission de le faire. Peut-être l’an prochain 🙂
Si vous cherchez un parcours costaud en Île-de-France, vous pouvez ajouter ce trail à votre calendrier !

Le trail des Châtaignes ? On valide !

Bonus : les bières étaient vraiment bonnes avec un petit goût de châtaigne agréable. C’est quand la prochaine édition ? 😉

Mimi

Mimi

Co-fondatrice du site, j'écris des articles détaillés sur la course à pied en général et depuis 2018, je continue avec le triathlon !

4 commentaires

  1. Hello

    Je devais participer aux 17kms. Le jour même, j’étais content de ne pas y participer en voyant le temps.
    Je suis encore plus content de ne pas l’avoir fait en voyant tes photos et l’état dans lequel vous avez fini!!!!!
    Il parait que c’est bon pour la peau

  2. Hello Dom,

    Ha ha, c’est vrai qu’on a pris une sacrée douche ce jour-là 😀
    Heureusement, il ne faisait pas froid, sinon, ça aurait vite été désagréable.
    Ce trail est bien organisé, le parcours sympa (c’est top autant de bosses à côté de Paris ! ), j’espère qu’il fera meilleur l’an prochain pour que tu le testes !

  3. Y avait des passages sympa sur le retour après le 17ème kilomètre. Revoir ce parcours à l’inverse(avec beaucoup moins de monde) était plutot troublant. Le final est tres tres dur avec les marches sous un vent claquant

    • Salut Vincent,

      Oui, je pense que ça doit faire étrange de revenir sur ses pas, voir de croiser des gens en sens inverse. En plus, les singles étaient plutôt étroit, on avait dû bien se pousser pour laisser passer la tête de course 🙂
      J’ai vu des vidéos de l’arrivée, cet escalier de la mort était vraiment fait pour achever les coureurs !

      Et j’ai vu que tu étais sur le 41 km de Bouffémont dimanche, tu es une machine ! Nous, on avait préféré s’inscrire sur le 25 km pour moins souffrir cette année (bon, on a bien ramassé et on est pas allé plus vite 😡 ) Bravo à toi d’avoir résisté au Maxi Mud Cross !

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